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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 06:44

 


Le Duc Emmanuel-Philibert, pour s'affirmer, se démarquer de la France et accroître son prestige, avait besoin, outre le français, d'une autre langue de renom : après avoir pensé au piémontais (langue très influencée par le provençal), il choisit en définitive la langue toscane. Il institua le bilinguisme dans ses États en 1562 : les deux langues officielles du Duché de Savoie étaient donc le français pour la Savoie et le Val d'Aoste et l'italien de Toscane pour le Piémont et le Comté de Nice, bien que, à part l'accent tonique, le nissart et le piémontais fussent très différents de l'italien.

Le français qui avait été, jusqu'à 1562, la seule langue officielle des États de Savoie donc du Comté de Nice, était assez répandu en Piémont et à un moindre degré à Nice. Les Savoyards parlant déjà, plus couramment, le français ou le "franco-provençal", il était logique de ne pas modifier outre mesure leur situation : Emmanuel-Philibert a pris vraisemblablement sa décision d'affectation linguistique avec l'intention d'assurer un certain équilibre entre les deux langues et d'essayer de faire "vivre" l'italien dans les régions où ses sujets s'exprimaient relativement moins en français mais plus généralement en nissart, ou en piémontais. Il s'ensuivit que, dans le Comté de Nice, nombre de textes officiels, d'affiches, d'actes notariés et de documents divers étaient rédigés en italien.





Il est indiscutable cependant que, dans la vie de famille et les rapports sociaux, la population a toujours parlé très majoritairement nissart, comme c'était encore souvent le cas dans les années 1930.

Les Niçois avaient de multiples occasions d'utiliser l'italien et le français, en dehors de leur nissart de prédilection. Les exemples de cette situation de trilinguisme sont nombreux au 19ème siècle : catéchismes en nissart, actes officiels en italien, enseignement au choix dans les écoles, soit en français soit en italien, enseignes et factures de la plupart des commerçants en français



Notons enfin que l'assimilation française, après 1860, de nombreux immigrés italiens a été grandement facilitée par la "Nissardité" qui leur était plus familière que la culture française. Provenant en effet, pour beaucoup d'entre eux, de la partie du Piémont qui est demeurée sous l'influence provençale puis française jusqu'au 18ème siècle, les nouveaux arrivés utilisaient, avec un accent tonique analogue, soit une langue régionale d'Oc, qui reste encore vivace de nos jours dans la "Minouranço Prouvençalo" des vallées alpines franco italiennes, soit la langue piémontaise qui avait fortement subi l'influence provençale et française.

On peut dire en conclusion que les langues parlées à Nice, du 17ème au 19ème siècle, étaient le nissart en tout premier lieu, le français et l'italien à un bien moindre degré.


Le comté de Nice est la région entrée le plus tardivement dans l’espace culturel et politique français (1860). Donc, la langue a eu plus de temps pour évoluer et se différencier du provençal (la Provence est devenue française en 1481).
 A l’intérieur du comté de Nice, on peut s’apercevoir des évolutions du parler. En effet, il faut distinguer le niçois côtier du gavot, la langue parlée dans les montagnes. Le nombre important des vallées du haut comté de Nice et leur situation est favorable à une différenciation de la langue.

A chaque vallée (Roya, Tinée, Vésubie, Paillon, Var) correspond quasiment une variante du niçois côtier qui s’étend sur le Var inférieur, le bassin du Paillon de Levens à Contes et L’Escarène. A l’est du comté, les parlers du royasque et du mentonnais s’individualisent nettement sous l’influence du piémontais. Les hautes vallées des Alpes-Maritimes entre le haut Var et la Vésubie  sont restées avec le gavot " provençal alpin " très proche de la langue d’oc médiévale.

Depuis le Moyen-âge jusqu’à nos jours, des auteurs, poètes, dramaturges, journalistes, compositeurs, ont écrit en niçois. Leurs textes, nombreux et divers, nous permettent de suivre l’évolution du nissart et d’apprécier la forte présence de notre langue dans la littérature et la vie quotidienne.


Le Prochain épisode vous parlera des relations entre Nice Genes et la Corse
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