Soso dans les routes ensablés du Tizi N Test
Ancienne grande voie de pénétration du Sud marocain, la route du Tizi n- Test, vertigineuse, permet de découvrir les paysages verdoyants de la région d'Asni et d'Ouirgân. Après la vallée du N’fiss jalonnée de vieilles kasbah, on atteint enfin le Tizi n- Test, incomparable belvédère d'altitude dominant la grande plaine surchauffée du Sous.
On part à l'assaut d'une route très étroite qui grimpe rapidement. Cette route fut longtemps une simple piste qui semblait se faufiler au hasard et tant bien que mal le long des flancs des montagnes, prodiguant au voyageur des sensations étourdissantes, annoncées au bord de la route par d'immenses panneaux d'avertissements. Au plus haut du sommet vous serez à 2 100 mètres pour un dénivelé de 1 500 mètres. Ce col nécessite de l'endurance et de la prudence en moto.
On croise plusieurs fois des camions chargés par plusieurs dizaines d’hommes. Ces hommes amassés sur le toit des camions doivent avoir une vue terrifiante sur les précipices. Je n’ose imaginer une perte de contrôle du chauffeur à la sortie d’un virage. Sur le début du col, c'est l'arbre roi de cette partie du Maroc qui nous accompagne : l'arganier dont on tire de l'huile alimentaire et quantité de produits cosmétiques. Plusieurs fois nous apercevons des chèvres grimpant au plus haut des arbres. Elles mangent le fruit de l’arganier puis en recrachent son noyau. Ensuite les bédouins récupèrent celui-ci. Une fois écrasé, on produit l’huile d’argan.
la route du Tizi N Test serpente à travers la montagne
En contrebas, un village et sa mosquée émergent d'une palmeraie. Dix kilomètres plus haut, une autre vallée apparaît avec en toile de fond les sommets enneigés de l'Atlas à plus de 4000 metres. La montée est régulière et révèle son tracé longtemps à l'avance. La route est jalonnée de petites baraques de restaurations toutes dénommées (à juste titre) la Belle Vue. En effet, le panorama s'étend sur les sommets environnants du Haut Atlas et la plaine du Sous délimitée par les hauteurs de l'Anti-Atlas. A cette altitude apparaissent les chênes verts, l'ombre, le vent et la fraîcheur.Nous déjeunons au plus haut du col chez boumzough qui a bien sur appeler lui aussi son restaurant « belle vue ».Les fenêtres de sont resto sont chargés d’autocollants d’association de motos, de 4X4, de parapentes et d’escalades en tout genre. Pour la 4 eme fois depuis Ouarzazate Patrick ne se sent pas de reprendre la moto et Soso prendra mon electra glide pour descendre le col jusqu'à Marrakech. Je recupere donc la Yamaha Wild Star de mon pote qui va s’allonger dans le Nissan 4X4 de Pascale. Une tourista tenace l’emporte depuis 5 jours.
A une centaine de kilomètres au sud de Marrakech, sur la route d’Asni, on entre dans une vallée étroite, escarpée, et brusquement, l’on pourrait se croire en pays cathare. Sur un premier promontoire, une kasbah, puis, accrochée à flanc de montagne, sur un replat, se confondant presque avec la roche, une mosquée, un bijou architectural, un bâtiment almohade d’une grande pureté.
La mosquée de Tinmel, puisque c’est elle, a été oubliée pendant des siècles, et n’a été restaurée qu’en 1997. Pourtant c’est un des grands sites de l’histoire marocaine. Au XI° siècle, Ibn Toumert part en pèlerinage à la Mecque. Il en revient convaincu que les sultans Almoravides sont trop décadents, et doivent être renversés. C’est le début d’une longue conquête qui s’achèvera pour le Mahdi aux portes de Marrakech, dans le nid d’aigle de Tinmel, où il est enterré. Son successeur, Abd al-Moumen Ibn Ali, lui, entrera dans Marrakech, renversera les almoravides, et terminera ses conquêtes dans le Califat de Grenade.
la piste pour les 4X4 ne fait pas peur aux Harley Davidson
Le site de Tinmel a aussi une grande importance stratégique, c’est l’un des verrous de la route du sud, par le Tizi n’Test. Son architecture est typique de cette époque qui a aussi donné la tour Hassan à Rabat, la Koutoubia à Marrakech et la Giralda à Séville. Ses nefs sont aujourd’hui à ciel ouvert, mais il reste quelques morceaux de son plafond de cèdre, le mihrab a été lui aussi restauré. Se promener dans ces allées à ciel ouvert, entre des arcs purs et dépouillés, admirer les quelques chapiteaux floraux et décorations géométriques, c’est s’offrir un moment dans un autre monde.
Tout d’un coup, je sens mon pneu qui flanche, zut ! Je viens de crever. Patrice accélère pour prévenir le groupe qui est déjà loin devant. Heureusement la bombe miracle dépanne bien la Wild Star et je peux continuer jusqu'à Marrakech. Demain nous entreprendrons de changer la chambre à air, pour l’instant ca tient ! En attendant nous faisons une pause « au sanglier qui fume » des Français qui possède un hôtel auberge à Ouirgane au cœur de la vallée à 60 km de la ville impériale.
Ce sont des amis à Pascale et Patrice. Le sanglier qui fume est une véritable institution au Maroc depuis plus de 45 ans, il n’y a qu’à voir le livre d’or signé par les « peoples ». L’endroit est un véritable havre de paix dans un paysage grandiose. Plus loin l’hôtel appartenant à Richard Branson le PDG de Virgin n’a pas du tout la même notoriété. Le sanglier qui fume voila encore une adresse incontournable au Maroc.On arrive ensuite au barrage de Lalla-Takerkoust edifié sous le protectorat. Sa digue de 357 metres de long sur 62 metres de haut retient les eaux d'un lac artificief. Nous ne sommes plus qu'a 30mn de Marrakech, mais le depaysement est total au bord de cette magnifique piéce d'eau. Bientôt on arrive dans la mythique ville rouge ……
DIAPORAMA DE LA BALADE
