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Belvedere di Sant' Antonio a Posillipo Napoli
Nous redescendrons à pied par la rampe di Sant'Antonio, connue sous le nom de Treize descentes (Tredici Discese), qui relient Posillipo à Mergelline
Sophia Loren a souvent répété « Je ne suis pas italienne, je suis napolitaine, c’est très différent ! » Couma vostre servitour, iéu siéu nissart é non francese. La "Loren" incarne la femme napolitaine dans toute sa splendeur. Entreprenante, courageuse, forte, révolutionnaire et indocile. Elles courent, elles crient, elles hurlent, c’est la vie brute des napolitaines entre les fils de linge et le regard de Dieu. Tout le monde croit que Rome est la cité des femmes, mais non, il s’agit plutôt de Naples, cœur d’un gynécée d’une incroyable vitalité. Dans la « guerra delle scollature » en Italie, c’est bien la napolitaine qui l’emportera sur la romaine, Gina lollobrigida !
On aperçoit les élégants bâtiments de la Riviera de Chiaia
Vittorio de Sica, Sophia Loren, Diego Maradona, voila les trois idoles du peuple napolitain. Qui s’est déjà rendu à Naples sait à quel point cette ville est vibrante, déroutante, enivrante, fascinante… Naples est une ville-sirène, qui attire à elle les voyageurs, les séduisant et les horrifiant tout à la fois. Elle est par définition une ville hors-norme.
Panorama sur le Vesuve et la citadelle Castel dell'Ovo VIIIe siècle avant J.C.
Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, Naples ne laisse personne indifférent. Naples, c’est spécial, c’est Marseille puissance 10. C’est une ville qui avec ses nombreux défauts est carrément attachante. Naples, c’est un peu le creuset où se retrouvent tous les clichés et toutes les représentations fantasmées que l’on a de l’Italie. Et Dieu sait qu’il y en a des clichés sur les ritals, les pipis comme je l’ai souvent entendu !
Panorama sur le château Sant'Elmo
Le Napolitain en particulier semble en être l’incarnation : il parle fort et avec ses mains, conduit une vespa délabrée en grillant les feux rouges, fonce dans les ruelles où sèche le linge pour rentrer manger une abondante cuisine traditionnelle préparée par la mamma, n’est pas très scrupuleux en ce qui concerne la légalité, joue au foot et idolâtre Maradona.
Les couleurs de Naples "la ville aux 500 coupoles". Aujourd'hui, leur nombre est d'environ un millier, ce qui la place parmi les villes ayant le plus grand nombre d'édifices religieux au monde
Il est macho, mais adore les femmes, il est religieux, mais profère tout un chapelet de blasphèmes. Bref, il est plein de contradictions. Le plus gros cliché qui revient sur Naples aussi sûrement qu’une indigestion après la huitième pizza, c’est celui de l’insécurité.
Philosophe napolitain, astronome, mathématicien dont les théories anticipaient la science moderne. En défendant l'idée d'un univers infini et la pluralité des mondes, Giordano Bruno s'oppose frontalement à l'Eglise. Condamné à mort par le tribunal de l'Inquisition, il est brûlé vif : c'est l'un des premiers martyrs du savoir rationnel et de la barbarie religieuse.
Giordano ! Ce nom vous le verrez souvent en Campanie, c'est presque un passeport pour Naples
On ne serait pas tranquille dans les rues de Naples. Naples est une ville impressionnante, c’est vrai. Les rues bouillonnent d’une activité intense, et on peut se sentir mal à l’aise dans cette effervescence, ce monde autour de soi, qui parle bien souvent en napolitain.
L'église dei Girolamini dans la via Tribunali
Et pourtant, je me suis senti en sécurité bien plus que je ne le serai à Marseille qui est elle, une vraie horreur. il n’y a pas de raison de s’inquiéter et les rues de Naples sont sûres, plus particulièrement dans les zones touristiques, le centre-ville…
Maradona un demi-dieu à Naples, vous verrez le pibe de oro de partout !... et un portrait de Maddalena Cerasuolo (antifasciste)
Je sais, vous avez vu la série Gomorra et vous pensez vous retrouver au milieu d’une vendetta entre membres de gangs mafieux ? Alors, d’abord, la mafia existe, mais pas qu’à Naples. C’est même plutôt un problème mondial, à l’heure actuelle. La mafia, on la sent bien plus présente à Marseille, Grenoble ou à Lyon qu’a Naples. En tant que touriste, vous n’aurez pas de problèmes avec elle. A moins que vous ne soyez un touriste ainsi qu’un trafiquant de coke ?
La Cattedrale di Santa Maria Assunta (ou Duomo di Napoli, ou Cattedrale di San Gennaro)
Ensuite, les Napolitains n’ont pas la réputation d’avoir la conduite tranquille. Pour cette fois, il ne s’agit pas tout à fait d’un cliché… c’est même une réalité. Le scooter est extrêmement populaire en ville, beaucoup plus que le port du casque : ne vous étonnez pas de voir passer une vespa chargée d’un à quatre passagers, pas forcément tous casqués.
La cathédrale abrite dix chapelles (cinq de chaque côté) et des autels dans les nefs latérales
La circulation répond à des normes un peu différentes de celles auxquelles les français sont habitués. Conduire à Naples, c’est être plus instinctif, plus attentif, et s’adapter à son environnement plutôt que chercher à respecter le code de la route à la lettre. En tant que piéton, c’est ouvrir l’œil et parfois apprendre à s’imposer pour traverser la route.
La fresque de la coupole représentant le Paradis
En tant que motard, j’ai parfois halluciné sur le risque que prenaient les napolitains avec les pavés mouillés sous la pluie. L’autre clichés de Naples, c’est la saleté. Alors, la permettez moi de vous dire que quand on a vu Marseille la ville des rats et bien on est blindé !
Soso met des bougies dans toutes les églises ou elle passe à mon grand désespoir !
Oui, Naples souffre de sa saleté, et il y a un gros travail d’éducation à faire sur le civisme. Mais, Naples a énormément de beauté à offrir, et l’ordure y côtoie le sublime (un peu comme si Macron voyait Monica Bellucci). Un peu comme dans un poème de Baudelaire, vous voyez ?
On dit souvent que les napolitains sont les plus superstitieux des Italiens. Leur ferveur religieuse, qui s’exalte dans les petits autels dédiés aux saints et installés à tous les coins de rues, n’aurait d’égard que leur forte superstition. Le plus célèbre de ces phénomènes, mi-superstition mi-religion, c’est probablement la liquéfaction du sang de San Gennaro, patron de la ville.
Vue de la basilique Santa Restituta
Le miracle a lieu plusieurs fois par an, à des dates préétablies par la tradition. Dans une petite ampoule de verre, le sang séché de San Gennaro se liquéfie ainsi sous les yeux d’une très nombreuse foule. Si le miracle ne s’avérait pas, cela serait synonyme de catastrophes (comme : invasions, épidémies, morts de papes ou de personnages politiques, éruptions du Vésuve, visite de Macron…).
Photo ci dessous: Même "Il gattopardo" est impressionné !
A Naples la rue des santons est connue dans le monde entier et pendant la semaine de Noel et de la nativité, il y vient plus d'un million de touriste (Naples est la capitale mondiale du santon de Noel) Ici, nous ne sommes qu'au mois d'Octobre..
Dans le classement des villes les plus visitées au monde, Paris* n'est méme plus dans les 10 première.1er Bangkok, 2e New York, 3e Dubaï, 4e Rome, 5e Londres
Oui, d’une manière globale, les napolitains sont plus superstitieux : un porte clé en forme de piment (en fait un curniciello, une corne) saura écarter le mauvais œil, et un petit autocollant de Saint Georges sur la Vespa (patron des voyageurs) protégera mieux qu’un casque… Voilà un cliché qui participe à l’identité forte des napolitains et au caractère si particulier de la ville.
Les santons apparaissent pour la première fois en Italie en 1283 et sont désignés sous le nom de Santi Belli
Le presepe (crèche) en italien, presepi en nissart est un art ancestral à Naples
Ici on peut tout trouver comme figurine... Trump à Maradona, de la reine Elisabeth au Che Guevara, de Mark Zuckerberg à Matteo Salvini, Silvio Berlusconi, Genny Savastano (Gomorra) Adriano Celentano, Joker etc...
Avec humour, on voit le ministre Gennaro Sangiuliano qui dit (sur la valise), Je m'excuse auprès de ma femme après une relation adutltère avec une influenceuse..
Si Naples est si particulière, c’est bien parce qu’elle a une identité à part, qu’elle se distingue des autres villes italiennes grâce à son énorme patrimoine hérité d’une histoire bien a elle : la ville, qui existe depuis l’antiquité, a connu plus d’une domination étrangère, et en a retiré une pluralité de visages. Son histoire s'étend sur plus de vingt-huit siècles. Excusez du peu.... L'histoire de Paris est toute toute petite à coté !
Les napolitains sont napolitains avant d’être italiens et ont un certain esprit régionaliste, tant par la personnalité du peuple napolitain attaché à son histoire, à ses terres et à ses traditions, que par la gestion de l’état italien, jugée trop « nordiste ». Je vais bien me garder de dire que je suis mezzo ligure et mezzo piémontais. Mais, ce n’est pas dans l’esprit napolitain d’arnaquer le touriste de passage. Les napolitains connaissent trop bien le prix des choses et les efforts nécessaires pour en disposer. Ils respecteront donc le visiteur inconnu. Dans la rue des santons, ce sont les commerçants eux mêmes qui feront la police contre les pickpocket et gare à eux s’ils se font attraper…
Même dans les rues adjacente et non touristique, on se sent tranquille … Dieu vous protège !
On a trop fait comprendre aux Napolitains qu’ils n’étaient pas de bons italiens pour qu’ils ne finissent pas par le croire et ne pas se sentir eux-mêmes des étrangers dans leur propre pays. Au point de s’en exclure eux-mêmes. En témoigne la fameuse parole de Sophia Loren, « Io non sono Italiana, sono Napoletana, è un’altra cosa ». Un peu comme quand Garibaldi a dit: Nissa es francesa couma iéu siéu tartarou… Naples s’exagère pour prouver au monde et se prouver à elle-même son existence, elle hystérise, prend sa revanche baroque dans l’excès. Pauvre, peut-être, pauvre en euros, riche en paroles jusqu’à plus saoûlant, vivant au rythme des pétarades des vespas et des coups de pied dans le ballon, pouvant chanter et hurler, jamais apaisée. On n’est pas loin de ce qu’était une ville dans l’Antiquité. Voila pourquoi Naples est différente de toutes les villes d’Europe.
Des décors de crèches géants souvent sculptés dans les écorces de chêne liége
En attendant toutes les discussions que j’ai eu avec des napolitains ce sont bien passées. Quand, j’ai payé un restaurant avec ma carte bleue. Le serveur me dit: vous vous appelez Giordano ? Oui pourquoi ? Giordano, c’est super napolitain me dira t'il ! Ensuite dans la rue des santons, je demande à un artisan: vous avez le santon de Garibaldi ? Il me répond: Vous avez de la chance aujourd’hui car je vais rester calme !
Site de la noblesse napolitaine des Giordano ICI
Les prix à Naples c'est autre chose que sur la cote amalfitaine... ici 6€ le spritz et les antipasti de la mer variés et 12€ le menu
Ok, j’ai compris que Guiseppe n’était pas trés apprécié à Naples, mais nous sommes partis tout les deux dans un fou rire ! Les Napolitains sont facilement abordables, et généralement heureux de pouvoir vous aider si vous en avez besoin. Un exemple de ce qui m'est arrivé pendant la visite de la ville. Je n'arrivais pas à téléphoner pour rappeler le taxi. Mon téléphone ne voulant pas prendre la communication. Nous étions Soso et votre serviteur du blog devant une poissonnerie et le gars a compris que je n'arrivais pas à faire le N°... et bien, c'est lui qu'il l'a fait avec son smartphone. C'est pas à Marseille ou Paris que vous verrez cela ! Naples, c’est ça, des gens hyper chaleureux. On s'en fait toute une montagne et en fait on repart conquis. Quanto è bella Napoli !
L’Italie, berceau de la culture culinaire, l’antipasto occupe une place de choix. Cette pratique remonte à l’époque de la Rome antique, où il était courant de servir des plats légers avant le festin principal pour stimuler l’appétit. Ce sont les romains qui ont donné les tapas aux espagnols !
Je commence mon itinéraire dans Naples depuis Spaccanapoli, le cœur battant de la ville, qui divise Naples en deux âmes et représente un parfait exemple de la vie quotidienne animée des Napolitains. Etant logé au Palazzo Caraccioli, je suis idéalement bien placé pour me rendre au Duomo visiter la cathédrale en passant par la via Tribunali, puis de bifurquer sur la via San Gregorio Armeno, ou « rue des crèches ».
Artisan qui expose ses réalisations pièce unique (pour un décors de crèche comme celui ci qui fonctionne avec l'électricité, ou maison, cascade, moulin, eau, peuvent ètre animé, il faut compter 180€)
Je vais voir s'il y a le santon de la Cicciolina avec son petit popples rose
San Gregorio Armeno est l'une des artères principales de la ville et est connue pour réunir les meilleurs artisans spécialisés dans les santons pour la crèche de noël.
En tous cas, il y a le santon de Chiara Ferragni et Loredana Bertè
La tradition de cette rue remonte bien des années en arrière, plus précisément à l'époque classique, quand elle avait un temple dédié à Cérès et les dévots vendaient des petites figurines en terre cuite faites à la main dans les magasins environnants. À la fin du XVIIIe siècle, ces figurines devinrent les pièces de la crèche. Puis vers la fin du XXe siècle des statuine calciatori, politici e VIP famosi...
Antonio (dit Popò) un acquafrescai de Naples venditore di limonata a cosce aperte
La limonata a cosce aperte (la limonade à cuisses ouvertes) glou glou glou... atchidenté !
Aujourd'hui, les figurines vont des personnages religieux les plus typiques à une version plus moderne qui inclut des personnages de tous les jours tels que des bouchers, des danseurs, des footballeurs, des politiciens (Trump, Meloni, Berlusconi, Poutine) ou des célébrités (Elizabeth II, Maradona, Marilyn).
Les plateaux d'antipasti et de zeppole d'algues marines sont exposés dans la rue par les nombreux kiosques et trattoria
La saltimbocca est une recette napolitaine pour réaliser un sandwich avec de la pâte à pizza
C’est la rue la plus visité au monde. Rendez vous compte, plus d’un million de visiteur pendant les fêtes de Noel arpente la rue. La municipalité de Naples a du instaurer la circulation piétonne à sens unique. Quand je vous le dis que la « ville aux 500 coupoles » est unique au monde !
A Casa Capasso la décoration est de goût avec Naples, le linge qui pend au dessus des tables, l'ambiance de l'Italie..
La Cattedrale di San Gennaro ne me fera pas mentir, c’est l’une des plus belles cathédrales d’Italie. Le Duomo est l’un des monuments à ne manquer sous aucun prétexte. Un chef-d’œuvre architectural qui abrite de précieuses reliques et des histoires fascinantes.
Ah ! je vois le santon de Marilyn Monroe dans 7 ans de Réflexion
Bref, 3 jours, c’est beaucoup trop peu pour se promener à Naples, car il y a tant de choses à voir et à faire dans cette ville classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Impossible de voir le Naples souterrain, il faut réserver plusieurs jours à l’avance, pour visiter Napoli Sotterranea, Neapolis Sotterrata & Galleria Borbonica. Tiens, vous connaissez la limonata a cosce aperte (la limonade à cuisses ouvertes) ?
Une prière à San Gennaro et il ne pleut plus !
Ma quèsaco ce truc la vous allez me dire ? En se promenant dans la ville de Naples Il se peut que l’on rencontre quelqu'un qui boit une limonade avec les jambes écartées, dans l'intention de ne pas se renverser : c'est une coutume qui fait partie des nombreuses traditions napolitaines et que l'on appelle « l'art de la limonade à cuisse ouverte » !
Dans les pubs les filles sont parfois bouillantes !...la ragazza calda (je suis en train de manger des Polpettes di alghe, 3€ le cornet) et si on annonce "spacca spritz", je pourrai lui dire ... Il tuo ragazza spacca !
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les Italiens préfèrent accompagner leur pizza d’une bonne bière plutôt qu’un verre de vin rouge. Il existe même un mouvement de « food-pairing » qui mêle pizzas et bières
Dans la via Tribunali qui est parsemée de plusieurs kiosques, on propose cette boisson rafraîchissante à base d’eau gazeuse, de citron et la touche secrète... le bicarbonate ! Utile pour la digestion.
Cette boisson a la particularité de jaillir littéralement du verre au moment où le bicarbonate entre en contact avec le citron, c'est pourquoi la personne qui la boit écarte instantanément les jambes pour éviter qu'elle ne se répande sur ses pieds ou ses vetements.
Mammarella signifie « petite maman », « enfant », Sophia loren dans son enfance était surnommée « stuzzicadenti » le « cure-dent » en raison de sa maigreur. Elle deviendra l’une des plus belles femmes au monde
L'idéal est de la boire le plus rapidement possible pour éviter qu'elle ne se retrouve par terre. Puis vous savez quoi ? Un certain Giordano (on voit sa photo de partout) jouait aux cotés de Maradona et ils ont gagné le championnat d’Italie en 1987. Ca aussi ça reste dans l’esprit des napolitains…Napoli è magica !
Voici una mosca attratta dalla puzza di marcio..... Le gars de la boutique m’a dit: Un testa di cazzo psicopatico vostre presidente....je suis bien d'accord avec lui !
* Aujourd'hui Paris et Marseille ont la réputation d'être bien plus dangereuse que Naples
DIAPORAMA NAPLES